Les œuvres d'Isabelle Antoine mêlent la peinture à la photographie et au film d'animation, pour remplir un objectif primordial : donner une visibilité à l'invisible, et notamment matérialiser ce qui fait lien entre les êtres humains mais également rendre apparent le lien d'ordre généalogique entre l'artiste et son œuvre. Tous ces liens sont inscrits dans un processus de frictions, rencontres et porosités entre chacun des partenaires qui se sont prêtés au jeu.
Ses films renouent avec une certaine tradition des premiers films burlesques du cinéma muet mais aussi du cinéma expérimental (Cf. des " Ballet mécanique " de Fernand Léger en passant par les films de Stan Brakhage - Black ice 1994 - et ceux de Andy Warhol etc.) Ils cherchent à rejoindre un cinéma " primitif " non chronologique et non narratif.
Le processus créatif, très construit, évoque une ritualisation de l'activité artistique. Il est structuré par une réflexion ontologique sur la création : Dans ses films, Isabelle Antoine s'intéresse à l'interrelation du fixe et du mouvant et à la condensation/expansion du temps filmique dans ce qu'elle nomme le " temps interstitiel " inscrit ni dans la réalité ou sa simulation ni dans un ailleurs intemporel.
Grâce à la décomposition puis la recomposition de mouvements, effectuées à partir d'une prise de vue en rafale de couples de créateurs (musiciens, acteurs, peintres, philosophes, etc.) posant devant des fonds peints de manière abstraite, Isabelle Antoine tente de d'approcher l'origine de l'œuvre. Ses films non narratifs, très courts, surprennent, amusent, provoquent l'imagination du spectateur par leur étrangeté et leur poésie.

Les nombreux clips jusque là réalisés sont conçus comme des fragments rassemblés.
Fragments de temps, d'espace, de vies, éléments interstitiels qui se glissent dans l'espace et le temps réels. Ils peuvent être présentés simultanément sur de petits moniteurs vidéo posés au sol dans une pièce vide et obscure ou en boucle sur de grands écrans, chaque écran étant confronté dans un face à face à l'autre écran.

Thèmes abordés :
L'œil monde, le spéculaire, l'autre.